mercredi 7 décembre 2011

Dernier soubresaut de nostalgie


Cet été, je me suis vidé le coeur de ce qui restait de la nostalgie de notre voyage. J'ai lu un roman qui parle du Japon, mais qui a été écrit par un Français. Ça s'appelle Kyoto Limited Express et l'auteur se nomme Olivier Adam. Le texte est accompagné de photos qui illustrent bien ce que le narrateur raconte. Il s'agit d'un exercice proustien -phrases longues incluses- où le personnage principal recherche un certain temps perdu en retournant à Kyoto après trois ans d'absence. Il est à la recherche d'une époque où il demeurait dans cette ville avec sa conjointe et sa fille. Le paysage n'a pas changé. La vie du narrateur, elle, a changé. Les souvenirs le hantent, Kyoto l'écrase. En lisant, j'ai fait une sorte d'introspection. Si je retourne au Japon, cet immuable pays où lorsqu'on rénove, on reconstruit à l'identique, je ne ressentirai ni tristesse ni hantise, mais je sais que je me retrouverai dans un endroit où rien n'a changé, comme si je ne l'avais pas quitté. D'ailleurs, en regardant les photos prises dans Kyoto, je reconnaissais certains endroits, je m'y revoyais. Pourtant, ma vie a changé, elle a même été transformée de façon positive par ce voyage dont les souvenirs précis sont toujours ancrés dans ma mémoire d'éléphant. Je recommande ce livre à tous ceux et à toutes celles qui souhaitent avoir un point de vue intéressant du Japon offert par un écrivain non japonais ou qui veulent revoir des images du Japon.

samedi 12 mars 2011

Vidéo du jour

Si ça vous tente de le voir, voici un extrait vidéo de Catherine Lapensée qui chante en japonais avec son groupe Eye Catch Synergy Pro. La qualité visuelle et sonore n'est pas très bonne, mais c'est amusant.

Défilé de mode







10 février 2011, 3200 Jean-Brillant, au deuxième étage. J'arrive de mon casier. Il faut que j'aille manger au plus vite, j'ai un cours à 13 heures. Soudain, dans un corridor qui bourdonne d'activités, j'aperçois un petit kiosque. En approchant, je constate que deux jeunes préparent des roulés impériaux avec des feuilles de laitue, des nouilles chinoises et des crevettes. À côté de la table, je vois une pancarte annonçant un défilé de mode japonaise. Tout à coup, j'oubliais ma presse, l'université et le reste du monde. L'excitation m'a gagnée. L'heure prévue est 12h10. Je suis de plus en plus impatiente, il faut absolument que je voie ce défilé. 12h20: la célèbre designer Aminah Tranh-Bari fait enfin son apparition sur scène pour présenter son défilé. Elle me donne encore plus hâte de voir le reste. Après, petite surprise intéressante: une jeune québécoise du nom de Catherine Lapensée s'avance au micro et se met à chanter en japonais. Ensuite, le défilé. Youpi! Ce que je vois m'impressionne. Devant mes yeux défilent des gothiques et des Visual kei. Je ne suis plus à l'université. Je suis à Tokyo, dans la Rue des adolescents. C'est magique. Je ne veux plus partir. 12h30: la faim me tenaille. Ça me rappelle que je dois me dépêcher. Une fois mon repas expédié, je sors de la cafétéria et je retourne voir une autre partie du défilé. Maintenant, au tour des lolitas et des décoras de faire leur apparition. Elles s'avancent, majestueuses dans leurs robes amples dignes de poupées. 12h50: Zut!,Aminah Tranh-Bari annonce une pause et la suite du défilé pour après. Je tombe brusquement de mon nuage avec l'obligation immédiate d'aller rejoindre ma classe. Je cours dans l'escalier jusqu'au quatrième étage, le coeur content.

mardi 8 février 2011

Discrétion

La discrétion nécessite une immense part d'audace. Au moins nous écrivons des lettres discrètement violente sous le silence. L'audace de la patience, entre autres discrétions à l'avenir.

Ce qui fascine chez les japonais, c'est leur discrète attention aux détails, qui, au final, paraît tout révéler sur une harmonie et une perfection, minimale, mais grandiose. Par quelques coups de ciseaux dans le jardin d'un temple bouddhiste, voici que la bienveillante quiétude du paysage retrouve ses moyens.

Perspective bidisciplinaire sur Aki Shimazaki

Qu'ont en commun Aki Shimazaki et le cinéaste Nobuhiro Suwa?

En repensant au film H. Story de Nobuhiro Suwa, que j'ai vu l'année dernière, je me suis dit qu'Aki Shimazaki abordait, à sa façon, la question de l'irreprésentable. Je m'explique: depuis la seconde guerre mondiale et depuis le 11 septembre 2001, les artistes de tous les horizons se demandent comment fait-on pour représenter ou décrire des événements d'une extrême violence comme les bombes de Hiroshima et de Nagasaki, la Shoah ou encore la chute des tours jumelles.

À travers sa pentalogie Le poids des secrets, Aki Shimazaki emmène son lecteur dans un voyage dans le temps en faisant une histoire qui se déroule autour de la bombe de Nagasaki. Cet événement est irreprésentable en plus d'être un tabou pour les japonais, au même titre que la bombe de Hiroshima. Aki Shimazaki fait un tour de force: elle parle brièvement de l'événement sans l'afficher comme le principal élément de son oeuvre. Le récit crée un effet bombe: autour de l'histoire de Yukio et de Yukiko, d'autres secrets éclatent au grand jour, dédramatisant quelque peu l'Histoire par le fait que les déshonneurs qui pèsent sur les Horibe et sur les Takahashi ont l'air plus horribles.

De son côté, Nobuhiro Suwa, cinéaste natif de Hiroshima, pose la question de l'irreprésentable par l'image. En effet, H. Story (2001) raconte l'histoire d'un réalisateur qui tente de faire le remake de Hiroshima mon amour. Ici, la question qui se pose n'est plus "comment représenter l'irreprésentable", mais plutôt "est-il possible, au début des années 2000, de reprendre point par point le scénario original de Hiroshima mon amour?". La réponse que donne Suwa est non. Lorsque le spectateur regarde ce film, il assiste à un tournage raté. Les comédiens censés interpréter Nevers (Béatrice Dalle) et Hiroshima (Hiroaki Umano) se sentent mal à l'aise de réciter le texte de Marguerite Duras. À travers leur malaise et l'insuccès du tournage, ces deux personnages errent dans Hiroshima, prédisant que le remake ne se fera pas. De plus, le réalisateur fait exprès de filmer en laissant des bavures dans son images telles que des flash de fin de bobine. La seule chose qu'il fait exactement comme Resnais se trouve dans sa manière de filmer le Dôme de la bombe A. Pour résumer le travail de Suwa, il s'agit d'une distanciation par rapport à l'Histoire, mais aussi par rapport à ses prédécesseurs. Pour lui, c'est beaucoup trop délicat de faire le remake d'un film qui porte sur un événement qu'il n'a pas vécu. Comme pour les livres d'Aki Shimazaki, Nobuhiro Suwa veut son oeuvre simple et discrète.
À tous ceux qui n'ont pas vu le film et qui voudraient le voir, je le recommande chaudement.

samedi 5 février 2011

Éternité répétée

L'atmosphère enveloppante du Japon, ce passage vertigineux de l'éternité moderne à l'éternité traditionnel, pouvions-nous concevoir le prodige japonais en deux semaines d'éternité? Hélas non, mais sa littérature promet de nous faire découvrir à distance son génie ou plus humblement ses mystères. Je me souviens avoir vécu en solitaire une éternité de sentiments tous plus étrange les uns que les autres, chacun avec sa petite éternité, qui persiste jusqu'à cette nuit éternelle. ''Pour vivre caché, vivons heureux''. Enfin.

jeudi 3 février 2011

Pastiche


Par son message, Gabriel m'a inspirée à en publier un également. Pour une vision plus mature de mon écriture inspirée du Japon, je vous présente un pastiche du dramaturge Bernard-Marie Koltès, à partir des brouillons d'une pièce intitulée Guerre de nègres et de chiens. Le but de l'exercice était de décrire des personnages de façon très minimale physiquement et en leur for intérieur. Ensuite, il fallait les situer dans un milieu et les faire parler pour voir quel vocabulaire on leur mettrait en bouche. J'avais écrit ce texte lors d'un atelier d'écriture donné par l'écrivain François Bon en mars 2009.




Yukiko: Deux amandes parfaites au milieu du visage, fossettes aux joues, petits plis au front.




En son for intérieur: Un bouton de fleur de camélia qui éclot lentement un matin de printemps et qui recherche la douce lumière du soleil.




Kenji: Petites rides autour des yeux, ride légère au-dessous de la bouche, deux sourcils bien égaux.




En son for intérieur: De l'époque où on voit arriver l'hiver en regardant la nature s'endormir avec l'espoir de la voir renaître.




Vue d'un après-midi à Uji




Le soleil brille au-dessus du pont de la rivière Uji: il réchauffe lentement la surface de l'eau claire qui ondule au mouvement des seaux qu'on y lance pour puiser; le vent amène un parfum de thé vert fraîchement moulu qui donne une énergie profonde et un sentiment de tranquilité à ceux et à celles qui traversent le pont pour aller au marché ou pour aller prier au Biyodoin dont les phénix d'or scintillent au loin dans la lumière du soleil. Les personnages sont accoudés au pont, chacun dans ses pensées.




Yukiko: Si je pouvais, je me transformerais en grue blanche; je voyagerais très loin, je ferais de belles découvertes en longeant la rivière jusqu"à la mer; j'irais contempler cette ville du haut du Biyodoin autant de fois et aussi longtemps que je le désire; la nuit, je pourrais goûter au calme et au silence en me rafraîchissant dans la rivière tout en regardant la lune se mirer dans ce clair miroir; je plongerais à la recherche de poissons et je m'en régalerais; le plus merveilleux est que le matin, je me laisserais doucement bercer par le vent, légère comme une plume.




Kenji: Qui suis-je, où suis-je, où vais-je?, voilà la question; si cette ville est celle que je vois aujourd'hui, que deviendra-t-elle dans mille ans? Je voudrais être présent pour voir comment Uji a évolué et est à la fois restée la même; je voudrais sentir à nouveau le parfum du thé, que j'adore; l'Éternité est comme une cérémonie du thé: elle semble longue, mais on la voit passer en un éclair; c'est beaucoup mieux lorsqu'on peut profiter d'un moment et le fixer dans l'Éternité, comme l'écriture des plus beaux haïkus ou comme la chute délicate des fleurs de camélia à l'automne.




mardi 1 février 2011

À rebours

Par bonheur, je suis retombé sur ce blog en étant solliciter par un autre blog, sur lequel mes amis voulaient me voir participer. Or, c'est à ce demander s'il y a encore des gens qui lisent ce blog-ci - au cégep Marie-Victorin ou ailleurs. Ma foi, l'expérience n'était pas commune et elle n'est pas coutume. Bien sûr, nous n'étions qu'apprentis - ce qui ne rendait pas toujours les textes fabuleusement agréables à lire -, et, pour ma part, je songe à revoir tout le processus d'écriture entrepris au Japon, car la valeur de ce voyage reste indéniable, malgré une certaine solitude qui pesa lourde sur mes tristes épaules, à Tokyo comme à Kyoto. Vous épargnant pourtant ce quelconque romantisme du cœur, j'envisage plutôt parachever, en quelque sorte, par une plume légèrement plus mature, l'aventure nippone avec les réminiscences qui viennent à l'esprit.

Il faut le dire: l'étrangeté de la chose est de ne pas poursuivre notre écriture du Japon hors du Japon et de l'institution. Je désire humblement donner quelques contributions de souvenirs, en ce sens.
Je vous salue, Christian, François, etc.

(Si quelqu'un continue ou commence à lire ce blog, commentez pour que le blog reprenne vie)