mercredi 19 juillet 2017

10 ans déjà!

Le 27 décembre prochain, cela fera déjà 10 ans que nous, apprentis écrivains du Cégep Marie-Victorin, sommes partis à l'aventure au Japon. Que de beaux souvenirs me sont restés! Pour souligner cet anniversaire en grande pompe, voici des vidéos de moi, interprétant deux œuvres japonaises. La première est le premier mouvement de la sonate pour guitare Watercolor Scalor de Takeshi Yoshimatsu. Pour l'interpréter, j'utilise une guitare Takamine fabriquée au Japon, instrument que je possède depuis l'âge de 14 ans. Pour conclure en beauté, je vous laisse m'entendre chanter Akatonbo, berceuse aux paroles empreintes de nostalgie et de tristesse. C'est l'histoire d'un jeune homme assis dans sa barque de pêche et qui, en voyant une libellule rouge s'envoler vers le soleil couchant, repense à sa première blonde, une jolie jeune fille qu'il a rencontrée en cueillant des baies sur une colline. L'idylle  s'est cependant terminée parce que la jeune fille a dû se marier à l'âge de 15 ans avec l'homme que ses parents lui destinaient. Bonne écoute et ja mata (à bientôt)!

Pour visionner, cliquez sur les liens ci-dessous :

 https://drive.google.com/file/d/0B6PWyNdwD6_-RDRoX0tOUDU2YzA/view?usp=sharing






Les Japonais et la musique

Bonjour. Il y a un sujet que j'ai oublié d'aborder, et qui pourtant est très important : la relation que les Japonais entretiennent avec la musique. Ce n'est pas anodin si j'en parle parce que lors de notre séjour, nous avons visité le célèbre magasin HMV du quartier Shibuya, à Tokyo, dont l'emblématique enseigne lumineuse apparaît dans bon nombre de films tournés là-bas. Également, alors que nous nous trouvions à Kyoto, tout près de Ponto Cho (ancien quartier des Geishas), nous avons travaillé, un soir, dans un café dont l'ambiance et le décor rappellent ceux des cafés viennois du XVIIIe siècle. Le propriétaire y exposait une vaste collection de disques en vinyle de musique classique sur des étagères de bois à l'entrée, et la radio diffusait des airs de valse en continu. En plus, la comptine traditionnelle Hotaru Koi constitue l'élément central du roman Hotaru d'Aki Shimazaki. En effet, pour mettre Tsubaki en garde contre les hommes mariés, sa grand-mère Mariko lui chante cet air, dont les paroles signifient : "Venez, chères lucioles, l'eau, de notre côté est sucrée, l'eau, de l'autre côté est salée". En 2010, Aki Shimazaki publie un superbe roman intitulé Tonbô, lequel s'inscrit dans sa deuxième pentalogie, "Au coeur du Yamato". Dans celui-ci, le personnage principal, Nobu, fonde un juku, école privée pour les lycéens désireux de suivre des cours préparatoires en vue des examens d'entrée des grandes universités. Ce juku s'appelle Tonbô en raison du fait qu'en cherchant un nom pour son école, Nobu entendait son enfant chanter une comptine, Tonbô no megane ("Les lunettes de la libellule"). Plus tard, il évoque le suicide de son père. Ce professeur, qui donnait des cours du soir dans un lycée, est mort de honte d'avoir giflé l'un des élèves de sa classe, lequel a succombé, quelques jours après, aux séquelles de cette claque reçue pour avoir insulté un autre élève. Avant de se donner la mort, le père de Nobu est parti en chantant sa berceuse préférée, Akatonbô ("La libellule rouge"), en guise d'adieu à son fils. Enfin, à mon avis d'amoureuse des arts et des lettres, de musicienne et de mélomane, la musique fait partie intégrante de la culture d'un pays et donc là-bas, j'ai eu envie de la découvrir, tout autant que la littérature, que l'archtecture ou que la nourriture.

Le Japon est très connu pour ses traditions musicales nationales, notamment avec les tambours Taïko, le shamisen, le koto et le biwâ (version japonaise du pipa chinois). Lorsque nous sommes allés au théâtre de bunrakû, nous avons entendu le shamisen, dont les notes accentuaient les émotions des personnages tout en donnant le rythme à l'action. D'ailleurs, à mon retour, j'ai découvert un duo de shamisen pop très audacieux : les Yoshida Brothers. Du Japon, on connaît également la J-pop ainsi que certains de ses représentants, dont la chanteuse virtuelle et holographique Hatsune Miku. Également, ce pays innovateur en bien des domaines a vu naître Kitaro, qui, avec ses mélodies relaxantes aux sonorités électroniques parfois mêlées à une instrumentation traditionnelle japonaise, est considéré aujourd'hui comme le père de la musique nouvel-âge! En plus de tout ça, il ne faut pas oublier que les Japonais reçoivent une éducation inspirée de celle pratiquée en Europe. Il est donc tout naturel d'acquérir une solide culture générale dès l'enfance, incluant une exposition régulière aux différents genres musicaux et une bonne connaissance des compositeurs de la musique savante occidentale, mieux connue sous l'appellation de "musique classique". Le savoir-faire de haut niveau qui découle d'une telle éducation, combiné à l'apprentissage d'un instrument de musique, quel qu'il soit, très tôt (entre 3 et 5 ans), est reconnu partout dans le monde. Plusieurs célébrités japonaises issues du milieu de la musique savante occidentale jouissent d'une grande renommée à l'échelle mondiale. On n'a qu'à penser à l'illustre chef d'orchestre Seiji Ozawa ou encore à monsieur Shinichi Suzuki, inventeur de la fameuse méthode d'enseignement du violon aux tout-petits qui s'est répandue presque partout sur la planète et qui a servi d'inspiration à Jean Cousineau pour la création de ses Petits Violons. Hors-Japon, des artistes et chefs d'orchestre d'origine nippone se démarquent par leur talent exceptionnel, notamment le chef d'orchestre Kent Nagano et sa fille, la pianiste Karin Kei Nagano, la violoniste Hibiki Kobayashi (elle fait partie du Quatuor Arthur-Leblanc avec son mari, l'altiste Jean-Luc Plourde) ou bien la pianiste Mitsuko Uchida, grande spécialiste de Mozart qui vit au Royaume-Uni. Également, la renommée mondiale du Japon sur le plan musical s'étend à la fabrication d'instruments de grande qualité, qu'ils soient réservés à des étudiants ou à des virtuoses. Parmi les marques les plus connues, nous retrouvons la compagnie Yamaha, les lutheries Takamine et Suzuki Violins, puis la facture de pianos Kawai.

Sur place, j'ai pu constater à quel point les Japonais sont mélomanes. Étant donné que j'aime beaucoup la musique, la succursale du disquaire Jeugia située au centre commercial Cuppola Sanjo, à Kyoto, est devenue très vite mon magasin préféré. Contrairement à ce qu'on voit ici, aucune importance particulière n'est accordée à un genre musical au détriment d'autres qui seraient moins rentables. Le magasin comporte cinq étages, un pour chaque sorte de musique, à l'exception du quatrième, où se trouvent des partitions. Parfois, un étage pouvait accueillir deux rayons de genres musicaux, chacun dans un local séparé, comme de petites boutiques à l'intérieur du magasin. C'est le cas, notamment, de la musique classique et du jazz, dont les locaux sont face à face, séparés par un petit couloir où on accède à l'ascenceur du magasin et où on peut s'asseoir dans un petit fauteuil coussiné. On pouvait aussi y trouver des DVD de concerts ou de vidéoclips, des magazines et des revues spécialisées, le tout en lien avec la musique. Je me sentais comme chez Archambault au temps où les sections de librairie, de boutique de cadeaux, de kiosque à journaux, de films et de jeux vidéo n'existaient pas encore. Même au HMV de Shibuya, on trouve de la musique pour tous les goûts, répartie sur cinq étages. Au terme de ces séances de magasinage, j'ai découvert de brillants interprètes. Comme la guitare classique est mon instrument chouchou, je suis allée regarder les présentoirs de disques la concernant. En écoutant des extraits à l'aide d'écouteurs branchés à un lecteur mural chez Jeugia, je me suis délectée de la douce sonorité de l'instrument de Kaori Muraji, jeune musicienne (elle a 10 ans de plus que moi, hi!hi!) vedette du Pays du Soleil levant, la première à enregistrer la presque totalité de ses albums chez Decca, célèbre maison de disques britannique. À Tokyo, dans un présentoir de liquidation, un disque m'attirait, celui d'un grand maître japonais de la guitare, Shin-Ichi Fukuda. À l'audition, j'ai fait la connaissance de compositeurs nippons qui ne sont pas guitaristes, mais qui se sont tous deux laissés fasciner par l'instrument : Toru Takemitsu, dont l’œuvre prolifique comprend une suite en quatre tableaux inspirée d'un triptyque du peintre suédois Paul Klee et commandée par le grand guitariste britannique Julian Bream, All in Twilight, et le très coloré Takeshi Yoshimatsu, à qui on doit trois sonates dont la thématique tourne autour des éléments de la nature ("Watercolor Scalor", "Wind Color Vector" et "Sky Color Tensor"), ainsi qu'une suite aux accents américains pour guitare et harmonica, Tender Toys.
Pour terminer, voici quelques photos souvenirs de mon exploration musicale japonaise.

Tour de Yamaha Music, à Tokyo. Plus bas, sur le mur, je pouvais voir une affiche avec des photos d'instruments.

L'enseigne de HMV dans Shibuya et l'annonce de la sortie d'un nouvel album du pendant japonais de Madonna, Ayumi Hamasaki. Partout où on allait dans Tokyo, on rencontrait le camion promotionnel, duquel on entendait quelques notes de chansons, avec le volume dans le tapis.

Enseigne de marques populaires d'instruments, à Kyoto. On peut y voir Yamaha. À ma grande surprise, le géant américain de la guitare électrique Fender est connu là-bas

Enseigne d'un magasin d'instruments de musique à Kyoto, derrière le centre commercial Cuppola Sanjo.

Magasin Jeugia de Kyoto.

Café viennois de Kyoto où nous avons travaillé. Parmi les airs de valse qui ont joué ce soir-là et dont je me souviens le plus, il y a eu la seconde valse de la "Suite jazz" de Dmitri Chostakovitch, puis la Valse viennoise en Do majeur de Johann Strauss, mes préférées! 


Un petit magasin d'instruments Yamaha à Hiroshima.