mardi 4 décembre 2007

Tsubame - le songe de l'identité vraie et le rêve de vivre bien

À mon sens, le voyage est en premier l'oubli de soi. Cet oublie est nécessaire pour mieux intégrer la culture et les moeurs du pays. Rester sur ce que l'on connaît déjà, c'est laisser un pied dans le pays d'origine. La déstabilisation est peut-être alors plus frappante -peut-être est-elle aussi plus douloureuse.

En étant déstabilisé, l'homme se cherche des repères et n'est pas à sa pleine capacité pour intégrer son entourage. Il comparera avec ses origines premières; il saisira la culture du pays sur une base de comparaison, mais n'intégrera pas, ne comprendra pas. De là l'importance de l'oubli.

Mais l'oubli, à moins d'être temporaire, court et volontaire, peut aussi être douloureux. Dans Tsubame, Aki Shimazaki expose particulièrement bien le problème de l'importance de l'identité.

Dans le Japon des années 1920, les Coréens (ou autres immigrants) étaient tous confrontés à un dilemme majeur: ils avaient à faire un choix entre la qualité de leur vie ou leur nom. Cette réalité existe toujours puisque pour être citoyen japonais, il faut renoncer à nos origines, renier notre patrie et adopter un nom japonais.

Aujourd'hui, ce problème est plus éthique qu'identitaire (je crois) parce que cela concerne la morale d'abord et avant tout (est-ce bien? est-ce mal?)... Dans le contexte où se trouve les personnages d'Aki Shimazaki, le problème est réellement plus difficile à solutionner puisqu'il est de source identitaire et de subsistance.

Ce problème est d'autant plus grave puisque l'identité est l'une des premières choses qu'on abolie en période de crise ou de guerre (si ce n'est pas la première). (On se rappelle la guerre qu'ont livré les Français aux Anglais pour préserver leur langue, leur culture et leur religion au Québec... Le nom des Juifs dans l'Holocauste remplacée par des nombres... ou même aujourd'hui l'indifférence des États-Unis dans les pays du Moyen-Orient face aux religions, coutumes, moeurs, politique, économie...) Les Coréens, en froid avec les Japonais, sont donc confrontés à un choix: s'affirmer pleinement et souffrir ou alors renier leur origine et accéder à un niveau de vie plus élevée et souhaitable dans ce pays.

Le titre Le Poids des secrets, prend tout son sens dans ce livre et il faut être pleinement conscience des circonstances dans lesquelles Mariko Kanazawa grandit pour comprendre le silence dans lequel elle désire s'enfermer jusqu'à la mort pour apporter avec elle ce secret qui lui est si chèrement payé.

3 commentaires:

Ériel a dit…

Je suis en majeur partie d'accord avec ton propos. Cependant, «oubli» ne prend pas de «e», tu l'as surment oublié.

Il est sûr qu'il faut s'oublier pour mieux se retrouver, lors d'un voyage. Mais on ne peux, selon mon avis de voyageur en devenir, que trop peu savoir comment s'oublier pour prévoir de s'oublier avant même d'être ailleurs. C'est l'ailleurs qui nous force à nous oublier: la beauté de ses paysages, son étrangeté, le dépaysement en quelque sorte.

Or, malgré tous ces précieuses souvenances de mes voyages anciens, j'ose dire que ta réflexion est juste et quelle te sera surment un précieux atout lors de ton voyage.

Ampleur des écrivains. - La dernière chose qui vient à un bon écrivain, c'est l'ampleur; celui qui l'apporte avec lui ne sera jamais un bon écrivain. Les plus nobles chevaux de course sont maigres, jusqu'à ce qu'ils puissent se reposer de leurs victoires.

- Nietzsche.

Gabriel.

Elle a dit…

D'accord, je corrige mon oubli (lol)... Mais toi, t'as sûrement aussi oublié un "e" dans "sûrement"... et mets le chapeau!

Jhonat a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.